GLOZEL Corpus des inscriptions, du Docteur Antonin MORLET
Planche XXXVI – 1 Inscription sur os plat évidé pour servir de récipient. Sur l’autre face, gravure d’un cerf et d’un renard.
Texte restitué :
Hork’ Giu k’d aipa kk’r k’l rela rennedir UutrĒ
Translation :
Serment/Ours Dieu de combats, saisit les offrandes consacrées, transmet le renne à Uatach.
Lexique :
- Hork’ de Orkus : “ours” en aria, Αρκος/Arkos en koinè, et Αρχος/Arkhe : “primitif“, Αρχαιος/Arkhaios : “ancien” dans cette même langue, le nom de l’Arcadie, de même que le chaldéen Arqà : “terre“, ont un rapport d’idées avec le sexe féminin, la fécondité‚ ainsi qu’avec l’ancienne Grande Déesse Mère des Dieux, du Ciel et de la Terre.
- Ηορκος/Horkos en grec ancien, est un genre de récipient, sorte d’aiguière (dans la légende elle contient l’eau du Styx) qui est en relation avec le serment (comme aussi le mot Ομνυμι/Omnumi : “jurer“, d’un ancien terme qui signifie “saisir fortement“). Son contraire est Επιορκος/Epiorkos : “parjure” (en Skandinavie, on jurait par le LĒptr : “aérienne“, rivière du monde souterrain).
- Le keltisk Arc’h : “coffre” (idée de contenu et contenant), le racenna Αργα/Arca (emprunté par les Latins), lexème du français Arche, et les koinès Αργηαια/ Archaia : “archive” ainsi que Αργηειν/Archein : “commander/devant“, sont de même racine.
- Giu/Ziu : “l’Etre Suprême/Dieu” en gotiska, Giu en ruskall, en sumérien Zu : “la main/le sperme” ; ce qui rattache Ziu à Tųr/TĒwaŔ : “The Ass/Le Dieu“, un des AsiŔ (Dieux Ases) skandinaves, celui de l’honneur martial.
- K’d/Kadu : “combat” en keltisk, Çad//Çatru : “tuer/abattre//adversaire” en sanskrit.
- Ajp/Aipa : “accrocher/attraper/saisir” en urnordisk (ancien nordique), et gotiska GrĒpan : “saisir/prendre“, Greifen en tusk, racine du gaulois Harper : “empoigner” et à l’origine du français Harpon. Le nederlands Happen : “mordre” a donné le français Happer, et procède du même découlement.
- Kk’r/Kerkr : “sacré/consacré” en gotiska, le ruskall KrekiĒ : “prunellier“, que symbolise l’arbre/meuble héraldique Créquier, terme racine retrouvé dans le scythe Korakos : Dieu corbeau, Divinité du sacré et bien-faisant, et le koinè Καραγυος/Karaguos : “le devin“, Καρκαιρό/Karkairô : “résonner/retentir” et Κερυκειον/Kerukeion : “caducée“, ainsi que dans Ukko : Dieu Suprême finlandais.
Il a donné aussi les mots quechua (du Pérou) & maya-quiché (d’Amérique centrale), par le lexis d’emprunt Quiq : “race/postérité/sang/sève/pelote (jeu sacré)“. Augustin Le Plongeon dans : Sacred Mysteries among the Maya and the Quichuas 1500 years ago, trouva un rapport linguistique de ⅓, entre le quiché, le grec le plus pur, & le sanskrit (je rajouterai, puisqu’identique, du letton, cette dernière langue quoique aussi ancienne, ne fut écrite que vers le XIIIème siècle).
- K’l/Kil : “tuer” en vieux saxon, english Kill : “tuer/abattre/faire mourir/mise à mort (d’une bête)“, eskuara Hil : “mort“.
- Rela : “transmettre” en urnordisk, origine de français Relais.
- Rennedir/Rennetir : “renne” en saxon, a aussi le sens de “coursier/cavalier“.
- UutrĒ/Uter/Uatach : “la très terrible“, Uatha : “cachettes” en teangorlach, Déesse divine et infernale, côté négatif et chtonien (en koinè Χτόνιοϊ/Khtônioï : “de la terre” de Χθόν/Khthôn : “terre“), de la Grande Déesse Mère des origines.
Notes explicatives :
Le texte glozélien, est un Ųrkja/Yrkja comme en norrois, voir explication ci-dessous et Planche XLIII – 5. Il y a des rimes sur 3 “vers” : Rk/Kk’r et Iw/Pj à rebours, Rl/Rnn, Dr/Tr en couples. L’accent ◊, est porté sur 1 i, 1 ù et 1 Ē faibles, 1 w et 1 j forts. Les syllabes/digraphes se décomptent en ° (degrés).
+ ◊ ◊
6°) H r k’ g i w k’ d
= = =
◊ +
5°) A j p k k’ r k’ l
= = =
+ + + ◊ + ◊
6°) R l r nn d r ùùù t r Ē
1) – 6 r brefs.
2) – 4 k’ moyens, 1 g et 1 k longs (allitérés à défaut).
La désignation du récipient et le contenu du texte, ne font qu’un par jeu de mots, Horki faisant référence à un récipient ou son contenu. En grec Ηορκος/ Horkos : est un subjonctif, relatif au serment, et l’objet (sorte d’aiguière) sacralisé, contenant une puissance châtiant tout manquement à la parole donnée. Ομνυμι Ηορκος/Omnumi Horkos : “saisir le Horkos“, est l’acte selon lequel le serment ne peut être parjuré.
Le mot est de même phonème que celui de l’ours et de la terre, cette dernière étant la Grande Déesse Suprême, notre créatrice (celle qui nous génère), & notre demeure de vie, ainsi que celle de notre mort (la dernière résidence de notre dépouille). Il est de même origine que le poétique norrois Horskr : “sage/intelligent“.
Ours Dieu des combats doit être assimilé à BersekeŔ : “ours frénétique (guerrier)” en traduction exotérique, et “chercheur de l’ours” en translation ésotérique, assimilation d’autant plus aisée, que l’urnordisk Orka : “avoir la capacité de faire quelque chose“, donna Ųrkja : “composer la poésie sur un thème (force/capacité/pouvoir)“, terme de skáld : “poète” skandinave, sachant combien sont proches les formules de serment et d’incantation.
Le contour de l’os côté dessin, typifiant celui de Aretus : la petite ourse en keltisk, appelée aussi petit cerf, l’élan bleu de Vaïnamoïnen, héros du Kalevala finnois. C’est également le Reiterlein : “petit cavalier” en deutsch.
A noter que Renard(t) vient de Ren ard : “feu courant” en kelto-nordisk.
Serment : acte de jurer, action qui, chez les anciens Skandinaves, faisait que par le mélange des sangs, on devenait FosdbröðeŔ/FosbrœðŔ : “frères de sang/ frères jurés” (geste retrouvé chez maintes populations, notamment chez les Amérindiens), lien indéfectible aussi fort que la parenté. Par ce geste, on s’engageait à venger la mort de l’autre, ce que requiert la Gæfa : “part du sacré” nordique, comme le Goël : “vengeur du sang/sauveur/libérateur/protecteur” des anciens Hébreux, mot et coutume d’emprunts Tusko-lydiens. Un serment identique liait le Berseker, à son Jarl : “Chef“, ou Herkonungr : “Roi d’armée“.
Horki par la koinè Αρχε/Arkhe ou Εν Αρχει/En Arkhei : “au commencement“, nous donne la genèse mythologique de l’humanité qui, selon les Glozéliens comme pour les peuples shamaniques, commence avec l’ours : ancêtre mythique de l’homme, né de son ourson “mal léché” (d’où rapprochement des urnordiskr Barn : “enfant“, Bjarnar : “l’ours” et Bera : “donner naissance à un enfant“).
Après tout, le Bethe-Luis-Nion-Ogom : alphabet Oghamique des anciens Irlandais, appelé aussi Bethe-Luis-Fern et Boible Loth commence par l’ogham “B”. La Thora (Bible) ne commence-t-elle pas aussi par Bereshit : “commencement…“, Sefer Ma aseh Bereshit : “Livre de l’œuvre au commencement” est le nom hébraïque du Livre de la Genèse.
Le Lebor Baile Mota : Livre de Balymote : “Livre de l’ours frénétique” (ouvrage médiéval irlandais à mettre en parallèle avec l’urnordisk BersekeŔ : “ours frénétiques“), de Lebor : “livre“, Baile : “frénésie/folie” et Math : “ours” attribue l’invention de l’Ogham à Ogma Greinemin : “Oghm visage de soleil“, fils de Breas : “Britton“, et Dieu de l’éloquence, du savoir et de la magie, appelé Dorn Braz : “main longue“, et Sklerijen Doue : “Dieu de lumière“, ou Dremm Heol : “visage de soleil” en brezhoneg. C’est le Lug Dieu gaulois de la lumière, évhémérisé en Nodens, le Nudd/Nuadu irlandais (son fils nommé Gwynn/Gwyon : “savant” nain qui a le don de tout prédire, est un des Maîtres du Royaume des morts, comme le Dithir/Dith Atir brittonique). C’est aussi une évhémérisation du Dagda, surnommé Ruadh Rofhessa : “Rouge de parfaite science“, re-transposition masculine de la Grande Déesse Mère de la terre et du ciel des Kelts, appelée aussi Rotho Magnus et/ou Magus : “La Grande Rouge/Grande Roue” (par jeu de mot), qui donna son ancien nom à Rotomagus : “Rouen“.
Uatach, tout comme la Neter : “Déesse” égyptienne Sekmet : “la puissante“, est l’archétype de la Déesse Mère Primordiale, Maîtresse de la vie, de la mort et de l’au-delà. En mythologie finnoise, Uutar est la Déesse des brouillards, NifelhĒm : “HĒm nébuleux“, un des enfers Nordiques. Dans la mythologie skandinave c’est tout à la fois, Frigg/Grigg symbolisant la terre, et Freja/Gerd qui symbolise la Terre, les deux dyades étant des surgeons de WĒrd/Wird, appelée aussi Moder GodinaŔ : “la Mère (Doyenne) des Dieux“.
C’est pour ces raisons qu’il m’a paru opportun, de faire débuter mes traductions par cette planche. Voir pour des renseignements complémentaires sur ce sujet, les textes sur l’ennéade et l’ours(e) Planches XXXVI – 2 et 3.
Fig. 54, ourson en os de Glozel.
Fig. 411, ours en os de Glozel.