la-loure-et-haute-loure-cornemuses-normandes
Le drapeau Normand à croix de St Olaf éclatée, a été créé par Jean Adigard des Gautries en 1932, il a été déposé en 1974, auprès de l’Association française d’Etude Internationale de Vexillologie.

La loure (cornemuse normande) &/ou haute-loure.
La Halttlurr : “haute/grande loure” en normand (du norrois Lúðr : “trompe/corne”). Grande cornemuse à long bourdon et chalumeau. Elle fut un des instruments populaires de Normandie, du XVIIème au XVIIIème siècle (réf. “Le journal d’un bourgeois de Caen”, 1652/1733, édité en 1848).
La Lurr : “loure/cornemuse” (réf. Revue Viking, N° 13, été 1953, pp. 35 à 42, Revue Heimdal, N° 7, Mars 1973, pp. 18 à 23).
Connue dès l’antiquité, le plus ancien exemple euro occidental de sa figuration, est sur un bas-relief conservé au Musée d’Autun (N° 1874 du Recueil d’Espérandieu), du IIIème ou IVème siècle, représentant un sonneur gaulois.
Elle est mentionnée dès l’époque gréco-romaine, les Grecs de Thrace l’appelait Ασκαυλος/Askaulos, et Diodore de Sicile attribue sont invention au berger sicilien Daphnis (que sa mère nymphe, abandonna dans un bosquet de lauriers, d’où son nom donné par les bergers, car les premières cannes de cornemuse se faisaient dans des tiges de lauriers). Chez les Romains elle se nommait Tibia utricularis, et selon Procope, c’était au VIème siècle, l’instrument de l’infanterie romaine.
Mais les deux peuples, sont unanimes pour affirmer qu’ils l’ont reçue des Barbares (c.-à-d. les Gaulois pour les Romains, les Galates pour les Grecs.
Si la cornemuse se retrouva en ancienne Egypte, c’est également grâce aux Celtes, des mercenaires Galates de Léonnorios, accompagnés de leurs familles, se trouvaient dans le delta du Nil durant la période Ptolémaïque, en 278 avant notre ère, in : Suicide collectif des Gaulois de Haute-Egypte – cf. Justin, XXVI, 2. Callimarque – Hymne à Délos, 185-188. Traduction d’Emile Cahen. Editions Budé).
Rechercher une origine commune entre les différentes cornemuses, est hypothétique autant qu’illusoire, il est d’ailleurs possible que cet instrument ait été créé simultanément ou à des époques différentes, et cela dans des régions fort éloignées.
En Normandie, elle est d’origine Viking et encore attestée au début du XXème siècle, par Mr. Edouard Colin, qui dans sa préface p. 8 du livre “25 Danses Normandes” de Jeanne Messager, mentionne la loûre, qui rythmait les branles de Basse-Normandie, au siècle dernier, et Le journal d’un bourgeois de Caen, 1652/1733, édité en 1848.
Du XVIème siècle au XVIIème siècle siècle, la manufacture de cornemuses de la Couture-Boussey (Eure), était réputée (in : “Annales de Normandie”, janvier 1953, p. 70, note 50.).

Origine du nom :
Selon le spécialiste en dialectologie romane Albert Dauzat, faire venir le nom de la Loure du latin Lûra : “sac de cuir/sacoche” est une absurdité, le terme ne signifiant pas “sac à vent” et n’en ayant aucunement l’idée ni le sens, c’est seulement un rapprochement idiomatique, « qui ne convient ni par la forme ni par le sens », et il lui préfère le norrois Lúðr : “trompe/corne” (parente du Carnix celte), trompe dont se servaient les anciens scandinaves, auquel on peut comparer la forme du bourdon du sonneur de la tourelle de l’Hôtel de Bourtherould de Rouen, sculpté vers 1502 (détruit en 1944 par les bombardements américains). Le rapprochement et l’évolution sémantique de “trompe” à “cornemuse”, du vieux-français Corn : “corne” & Muse : “musette” (sans doute en jeu de mot avec Buse : “tuyau/conduit”), est semblable en breton, où le vieux-celtique Benna : “corne”, a donné le moyen-breton Benny et le breton moderne Biniou, même le nom Bousine (petite cornemuse sans bourdon, du Sud de la Normandie, d’implantation saxonne), que les linguistes latinophiles font venir du latin Bûcina : “trompette”, pourrait tout autant et même bien mieux provenir de l’urnordisk (ancien nordique) Bųss : “conduit/tuyau” (avec l’article postposé -in/inn, devenu Het en néerlandais), hollandais Buis et flamand Buyse. L’essayiste britannique P. Mac Donald, dans : “Essai sur l’influence de la poésie et de la musique sur les habitants des Highlands”, rapporte que selon la tradition des Hébrides, la cornemuse aurait été introduite par les Vikings, et de là, serait passée en Ecosse.
Il est intéressant de noter qu’en Normandie, où la loure disparut au milieu du XIXème siècle, époque qui vit la parution les premiers dictionnaires du patois normand (de Jean-Eugène Décorde, A. G. de Fresnay, C. Maze, Louis-François Vasnier, Eugène Robin, Edélestand & A. Duméril, Edouard Le Héricher), le mot loure et certains de ses nombreux diminutifs, ne prirent nulle part le sens de récipient d’air, vessie ou sac…, mais désigne un tuyau sonore et/ou d’instrument de musique genre “flûte” et/ou “flageolet”. Ce qui confirme l’affirmation d’Albert Dauzat.
Jusqu’au XVème siècle, la loure est considérée comme un instrument noble au plus, et bourgeois au moins, jusqu’à l’annexion définitive de la Normandie continentale à la Couronne de France en 1449. Au XVIème siècle, la loure est l’apanage des paysans et bergers, son recule semble être fonction de l’acculturation due à la francisation, qui imposa des instruments considérés comme plus « modernes », plus « franco-parisiens ».
Le mot normand Lurr : “loure” est à l’origine de nombreux substantifs dialectaux dont :
Lur : [lur] “corne d’automobile/sirène” (en cauchois), “conte” (en guernesiais).
Lura : [lurε] “geindre/pleurer”, c’est aussi un mode musical à caractère champêtre, consistant à appuyer la 1ère note de chaque temps (p 175, Mémento du patois cauchois d’A. G. de Fresnay).
Luran : [lurā] “gémissement” (en cauchois).
Lúr : [lúr] “musette/refrain” (en cauchois).
Lúra : [lúrε] “chanter” (en cauchois).
Lúras : [lúrâ] “niais/dadais/imbécile” (p 174, Glossaire de patois normand de C. Maze).
Lúas/ Lúot : [lúâ/ lúo] “pleurnicheur” (p 97, Le patois cauchois de R. Mensire).
Lúrassa : [lúrasε] “chanter bas (sur le même ton)” (p 147, Dictionnaire du patois normand de E. & A. Duméril).
Lúrét : [lúriε] “lurier/diseur de rien/ennuyeux” (p 148, Duméril).
Lurr : [lur’] “loure/cornemuse” (p 147, Duméril).
Lurra : [lúrε] “rabâcher/chantonner” (p 147, Duméril), “parler lentement” (p. 47, Vocabulaire Andelisien de H. Clérisse).
Langlúrum : [lāŋlúrum] “jodlant/ioulant/chantant/fredonnant”, fréquentatif : Lanlúraund [lānlúrawnd] (en cauchois).
Langlurum : [lāŋlurum] “pleurant/pleurnichant”, fréq. Lanluraund [lānlurawnd] (en cauchois).
Langlúra : [lāŋlúrε] “jodler/iouler”, “chanter/fredonner”, fréq. Lanlúra [lānlúrε] (en cauchois).
Langlura : [lāŋlurε] “pleurer/pleurnicher”, fréq. Lanlura [lānlurε] (en cauchois).